❧ DOCTRI­NE DE LA PENITEN­CE PVBLIQVE.

ET LA FORME D'ICELLE ainsi comme elle se practique en l'Eglise des estrangiers à Londres, deuant qu'on vienne à l'excommunication.

Ensemble aussi la forme d'ad­ministrer la saincte Cene.

DOCTRINE DE LA PENITENCE PVBLIQVE

COmme ainsi soit que toutes choses doyuēt estre ordōnées pour edificatiō, en l'Eglise de Iesus Christ & que sainct Paul Apostre nous expose la maniere d'icelle legitime edificatiō, assauoir que si nous voulōs edifier quelque chose, nous l'edifions sus le fondement mis de long temps, par les Prophetes & Apostres Cer­tes: si aucune penitence publique doit estre obseruée en l'Eglise, il fault aussi qu'elle ayt sa source en ce mesme fondement, lequel comprent en soy: toute la doctrine Euangelique, affin que ne soyons estimez auoir voulu ordonner quelque chose de nostre propre fantasie.

Or nous disōs, la source de vraye repētance estre en ce cōmandemēt de IESVS CHRIST, par le quel il est cōmandé, qu'il fault, celuy qui au­ra offencé son frere en aucune maniere, estre deuant toutes choses, reconcilié à luy s'il veult son oeuure estre agreable à Dieu, & de cela nous sōmes aprins, que si nous en auons offencé plu­sieurs, il nous fault semblablement estre recon­ciliez à plusieurs. A cause dequoy, si parauāture nous auōs offencé toute L'eglise, (nous princi­palement qui sōmes ministres d'icelle) nous en tēdōs qu'il nous est necessaire d'estre recōciliez auec toute L'eglise. La aussi nous est baillée la maniere de ceste reconciliation que Christ cōmāde, quant il veult que nous allions vers ceux [Page] que nous auōs offensée, pour estre reconciliez. Et S. Iaques veult que nous recōgnoissions no­nostre coulpe deuāt eux, & que nous leur de mandions pardon: car par le mot de confesser il comprēt l'un & lautre. Parquoy ainsi cōme il nous fault aller vers noz freres, lesquelz nous auons offencé, recognoistre la coulpe de nostre offence, & demander pardon pour estre reconciliez à eux, il nous fault aussi aller vers toute L'eglise, si nous l'auons aucunement offencée: entant que toute l'assemblée d'icelle est estimée estre vn homme en Iesus Christ, recognoistre la coulpe de nostre offence, & demāder pardon de cela, enquoy il est euident qu'elle à esté offencée par nous: affin d'estre reconciliez auec elle.

Nous appellōs ceste chose, assauoir estre en ce­ste maniere reconcilié à L'eglise, penitence publique: En laquelle chose doiuēt estre obseruées: premieremēt en celuy qui apeché, vne vraye de plaisance, & accusation de son peché: à ce que la confessiō soit vraye, & non hipocritique, dere­chef vne vraye confirmation en sa foy, d'obtenir pardon de toute sa coulpe, en faueur de Christ: à ce queceste cōfessiō soit aussi fructueuse: Puis la publique edification de toute L'eglise par la reconciliation du delinquent auec icelle, atte­statoyre de la remission de ses pechez.

Parquoy donc en ordōnant au penitēt quelque maniere de retourner à L'eglise, de recognoistre publiquemēt en son assemblée la coulpe de son peché, & de demāder pardon: Il fault tousiours [Page] auoir l'oeil principalement à la fin de ceste penitence publique, assauoir à la reconciliation salu­taire du frere pecheur auec l'Eglise, donnant tesmoignage de la remissiō gratuite de ses pechez: affin que le tout, tant ce que le frere delinquant doit faire auec l'Eglise, que ce la que l'Eglise doibt faire auec le frere delinquent, serue totalle ment à ceste fraternelle & salutaire reconcilia­tion, & conduise comme par la main le frere pecheur à icelle, & non pas l'en retire, ou empes­che en aucune maniere.

LA FORME DE LA penitence publique.

Premierement en ordōnant la penitence pu­blique doibuēt diligēment estre obseruées par les ministres & anciens de l'Eglise, & les vrayes marques de repentance & accusatiō de soymes­mes en son peché, assauoir-mō si le frere delin­quent se desplait en soymesme, vrayement & de coeur, pardessus tous les aultres, & s'il n'accuse point les aultres pardessus soy pour amoindrir son peché. Car celuy auquel les aultres desplai­sent plus qu'il ne se deplaist soy mesme, princi­palement en crime publique, lequel aussi ac­cuse les autres pardessus soy, ou s'efforse de les enueloper en semblable peché, affin d'amoin­drir les siens, n'a point encore en son coeur vraye desplaisance de son peché.

Que si telles marques de vraye repentance & [Page] accusation de soymesme ne sont point veues au frere delinquent: lors les ministres & anciens de l'Eglise, aiantz obserué les degrez d'admonitiō, procederont à le reieter de la cōmunion de l'E­glise à cause de son impenitēce, non (toutesfois) sans pleurs & gemissement publique de toute L'eglise. Mais si le frere delinquent donne signification claire & certaine, d'une vraye & chresti enne desplaisance & accusatiō de soymesme en son peché, aux ministres & anciens de l'Eglise: adōc ilz l'inuiteront fraternellemēt & amiablemēt à recōciliatiō publique auec l'Eglise, iouxte le susdit cōmandemēt de Iesus Christ, assauoyr qu'il voyse vers l'Eglise offencée par luy, & ce en l'assemblée publique d'icelle, & qu'il recognois­se deuāt elle la coulpe de son offēce, qu'il en de­mande pardon, & qu'il requiere estre derechef nōbré entre les mēbres d'icelle: en cest endroit, lesditz ministres & anciens tāt en leur nom cō­me au nom de toute l'Eglise, presenteront au frere penitent tous offices chrestiens, à la gloyre de Dieu, confirmation de la foy du frere delinquent, & edification de toute l'Eglise. Apres ces choses sera assigné iour au frere delinquent par les Ministres & Anciens de l'Eglise, pour faire penitence publique, lequel sera annoncé à toute l'Eglise, affin qu'elle s'assemble pour receuoir en liesse le frere delinquēt faisant penitēce, & de donner tesmognage qu'elle se resiouit en dieu, pour ce que par sa grace elle à recouert la [Page] brebis, laquelle s'estoit foruoyée. Finalemēt, le iour auquel le frere delin quent doit estre reconcilié auec L'eglise, il sera presenté par les Ministres & Anciēs deuant la face d'icelle, & se fera la predication de la vraye repentance de ceux qui choyent en L'eglise de Iesus Christ, auec prieres publiques de toute L'eglise, pour le fre­re delinquent. La, apres la predication acheuée auec les prieres, vn des Ministres vsera de la for­me d'admonition qui s'ensuit, oyant toute l'Eglise

ADMONITION A L'EGLISE TOVCHANT LE FRERE PENITENT.

Mes freres, suyuāt la charge de nostre ministe­re, nous auons amené en vostre presence cestuy nostre frere delinquēt, lequel pour vous dōner tesmoignage de sa vraye & chrestiēne repētāce, est prest de recognoistre & confesser publique­ment la coulpe du peché par lequel il à offensé Dieu & son Eglise, à la honte (certes) de soymes­me: mais à la gloyre de nostre Dieu, & edification de l'Eglise. Lequel aussi desire deuant Dieu estre reconcilié auec vous, & estre retenu pour l'aduenir en fraternité ecclesiastique. Parquoy il fault que soyez admōnestez en cest endroit, par la parolle de Dieu, de vostre deu & office enuers iceluy nostre frere delinquent, afin que vous sa chez ce que vous deuez estimer du peché de cestuy nostre frere delinquent, des vostres & des nostres Ensemble [Page] des fautes & cheutes de tout le mōde. La saincte escripture nous einseigne deux choses touchant le peché. La premiere est, que nous sōmes tous enclos soubz peché. La seconde, que nous som­mes ainsi enclos soubz peché, affin que derechef par la misericorde gtatuite de Dieu en IESVS CHRIST, nous soyons tous sauluez, en tant que cela touche Dieu, & non pas affin que nous perissons en noz pechez. Par cela nous appre­nous ce que nous debuōs iuger de noz pechez, & de ceux des autres, & comme en tel affaire nous deuons estre affectionnez les vns enuers les autres. Car quand nous oyons que sans exce­ptiō de personne, nous sōmes tous enclos soubz peché, nous entendons semblablement que par nature nous sommes enclins en tout genres de vices. A cause dequoy, nous ne nous esmerueil­lerons point de la cheute des autres: encore moins les accuserons nous, ou contēpnerons par dessus nous. Ains nous recognoistrons nostres deu estre, de reputer les cheutes des autres (tant griefues qu'elles puissent estre) comme nostre, ne regarderons point tant noz freres delin­quēs en leurs cheutes cōme nousmesmes, nous nous accuserons aussi deuant Dieu auec eulx. Car si vrayemēt & de coeur nousnous recognoissons tous ensēble estre enclos soubz peché: Il ne se peut faire, que ne cōfessions les aultres n'auoir commis faute, que nousmesmes n'eussions bien faite, si nous n'en eussions esté preseruez par sin­gulier [Page] benefice de nostre Dieu, que nous ne luy rēdions graces immortelles, de ce qu'il ne nous laisse point cheoir és crimes, esquelz nous oyōs les autres estre tombez: Le priant continuelle­ment qu'il ne nous y permette point trebuchercy apres. Dauantage veu que nous sommes tous enclos & venduz soubz peché, nous deuons pardonner les pechez les vns aux aultres, & suppor­ter en charité fraternelle les fautes les vns des aultres: aultrement nous nous rendons coulpa­bles à nostre grand preiudice, entant que nous accusons & condampnons les aultres par dessus nous, pour les choses lesquelles nous nous re­cognoissions auoir communes auec eulx.

Derechef quand nous oyons que nous som mes enclos soubz peché, non point affin que nous perissions (Car Dieu ne veut point nostre perdition, ains que nous soyons sauuez par sa seule & gratuite misericorde en CHRIST, à sa louāge & gloyre, non pas par nostre dignité ou de noz oeuures) nous deuons estimer qu'il ne nous faut point demeurer en noz pechez, es­quelz nous no{us} cognoissons estre cheuz, mais incōtinent ayant recogneu nostre coulpe, nous retirer vers la misericorde de nostre Dieu, par la­quelle il nous à en faueur de son filz vnique, tellemēt embrassez, qu'il à trāsporté sus luy toute la coulpe de noz pechez, en luy imputant le tout supposé que nous nous desplaisiōs en nousmes­mes en noz iniquitez, & que nous nous accusiōs [Page] nousmesmes, non pas luy en sa saincte loy & iuste Iugement. Dauantage, que nous confianr à sa seule bonté diuine, & nous deffiant de nous­mesmes, ensemble tous d'un acord, nous implorions de tout nostre coeur sa grace salutaire. Or nostre Dieu n'est point tant seuere, ou chagrin en cest endroit, qu'il requiere de nous grād ap­pareil de parolles, pour obtenir sa grace & mise­ricorde. Car il regarde le coeur, & non point l'apparēce exterieure des parolles, & si nous des­plaisant vrayement en nostre coeur, auec non fainte accusation de nousmesmes, nous deman­dons sa grace, auec certaine confiance en nostre Seigneur IESVS CHRIST. Certes en ce fai­sant, il nous regade deuant que nous cōmen­cions de crier à luy, & accourt pour nous enbrasser premier que nous ayons dressé accusation à l'encontre de nousmesmes. Incontinent il nous donne la puissance de nous repentir, & faisant la repentance, il nous charge suz les espaules de son filz IESVS CHRIST, affin qu'il nous raporte en sa bergerie. Lors plus grande ioye est deme­née en son Royaume, sur vn poure pecheur fai­sant penitence, que sus nonante iustes, lesquelz autrement au parauāt il auoit pour cōpagnons de son Royaume.

Parquoy donc (mes freres tresaymez) puis que ces choses sont telles à la verité, & que vous auez ce frere delinquant deuant vous, qui se dis­pose de recognoistre auec vraye desplaisance & [Page] accusation de soymesme en vostre presence, la coulpe de son peché, en demāder pardon à dieu premierement, puis à vous comme à l'Eglise de Dieu, & estre par sa penitence reconcilié auec vous, & retenu en vostre fraternité ecclesiasti­que. Ioignons maintenant noz pechez auec les siens, estimons sa cheute estre la nostre, & pre­nons exemple en luy, affin qu'ainsi cōme par ceste penitence publique il testifie combien il se desplaist en son peché, nous nous desplaisions aussi aux nostres, & nous accusions auec luy. Assemblōs nous, & noz larmes auec les siennes. Escoutons le confessant la coulpe de son peché, & prions Dieu qu'il la confesse vrayement & de coeur, à la gloyre immortelle de son nom, à son salut, & edification de toute l'Eglise.

PRIERE POVR LE FRE­RE DELINQVENT.

DIEV eternel pere omnipotent & miseri­cordieux, qui par la bouche de ton Pro­phete as disertemēt tesmoigné, que tu ne veux point la mort du pecheur, ains qu'il se repēte affin qu'il viue. Et qui as voulu tō Filz vnique mourir, non point pour les iustes, mais pour les pecheurs, affin que ceux qui se sentant abatuz par la charge de peché, & qui se deffiant totalle­ment d'eux mesmes, & se confiant seulement à ton filz, viendroyent en humilité deuant le thro [Page] ne de ta grace, ne doubtassent aucunement que ilz ne fussent exaucez de toy. Voicy nous som­mes conuenuz ensemble au nom d'iceluy ton Filz nostre seigneur IESVS CHRIST, pour accuser noz pechez deuant ton regard, & te de­mander pardon d'iceux, au nom de ton Filz. Nous te prions donc humblement (pere tres­doux) que premierement tu incites par ton S. Esprit, les coeurs de tous nous à vraye cognois­sance de noz pechez. Principalement le coeur de cestuy nostre frere delinquēt, lequel ainsi com­me par son peché il à offencé toute nostre Eglise, estant constitué au ministere d'icelle, ne refu­se point aussi recognoistre publiquement la coulpe d'iceluy, à la gloire de ton sainct nom, & edification de ceste tienne Eglise: apres que tu pardonnes à cestuy nostre frere la coulpe de son peché par luy recogneuë, en faueur de ton Filz bien aymé: & qu'aussi tu nous pardonnes les nostres: & nous gouuerne au temps à venir tous ensemble par ton esprit, & nous fortifie telle­ment que (iaçoit que nous ne pouuōs estre sans peché) nous ne choyons point toutesfois en crimes semblables, par lesquelz ton nom ado­rable soit blasmé, l'Euangile de ton filz diffa­mé, le ministere de ta diuine parolle deshonno­ré, & ton Eglise dissipée. Deliure nous (seigneur Dieu) de telz crimes, pour l'amour de ton filz, & nous arme par ta vertu diuine en nostre Infirmité, cōtre la tyrannie de peché, afin qu'en sain­cteté [Page] & iustice, nous auancions ton royaume, en l'euangile de ton Filz, auquel auec toy & le sainct Esprit en trinité & vnité diuine, soit lou­ange, honneur, & gloire eternellement.

ADMONITION AV FRE­re penitent, apres la priere acheuée.

FRere, vous auez desia entendu quel est vostre deuoir enuers l'Eglise offensée par vous, assauoir de recognoistre la coulpe de vostre peché, & en demander par­don, à ce que par ce moyen vous soyez recon­cilié auec elle. Vous auez aussi bien ouy, quel est l'office d'icelle enuers vous, son frere delinquēt & penitent assauoir, qu'elle conioigne vostre peché auec les siens, qu'elle estime vostre cheute comme sienne, qu'elle assemble ses prieres pour vostre peché, auec les vostres, & ses larmes sem­blablement, qu'elle auec vous demande la grace de Dieu.

Vous voyez toutes ces choses auoir ia esté fai­ctes par ceste nostre Eglise, par ceste priere pu­blique, laquelle maintenant vous auez ouy. Par quoy il fault que faciez ce que vous auez enten­du estre de vostre debuoir, assauoir de recognoistre volontairement la coulpe de vostre peché, & en demāder pardon, non point ayant esgard à nous, ou a l'hōme quelconque, ains à la gloi­re de Dieu.

Parquoy donc (mon frere) descendez en vous­mesmes, & regardez & esprouuez vostre coeur deuāt dieu, auquel toutes choses sont cogneues. Pensez que vous estes deuant luy, & non pas seulement deuant les hommes, estimez qu'en no­stre ministere vous auez affaire auec Dieu mes­me, non pas seulement auec nous, & que nous pouuons estre deceus de vous, entant que nous sommes hommes, mais DIEV ne peut estre deceu, ny de vous, ny d'aucun homme: d'a­uantage qu'il ne laissera point sans estre puny celuy qui s'efforcera de le tromper en ses Mini­stres. Regardez donc (mon frere) de ne point a­buser le sainct Esprit en nostre ministere. Cer­tes nous rendons seulement tesmoignage des choses que nous voyons par dehors: Mais il co­gnoit les plus profondz secretz du coeur. Et aus­si il à monstré par griefz exemples, qu'il ne veut point laisser impuny, celuy qui le veut abuser en son ministere ecclesiastique. Dōnez donc (mon frere) gloire à Dieu, en vraye & chrestienne de­plaisance & accusation de vostre peché. Donnez argument de vostre vraye & Chrestienne repentance, par volontaire recognoissance de vostre coulpe. Car ceste est la gloyre de Dieu, qu'auec accusation de nous-mesmes, nous implorions tous sa grace au nom de son Filz vnique, & que par sa misericorde nous soyons sauuez, laquelle chose nous vueille octroyer celuy qui est vn seul Dieu en trinité, Pere & Filz, & S. Esprit. Amen.

En cest endroit le frere penitent fera confes­siō publique de son peché & offence, recognoissant sa coulpe deuant tous, & demandant par­don, & demandera d'estre nombré entre les mēbres de l'Eglise. Or quand il aura fini sa confes­sion, le Ministre luy fera l'admonition qui s'en­suit: mais que sa confession soit telle qu'en icel­le ne soit trouué que redire par aucuns des Mi­nistres de l'Eglise.

ADMONITION AV FRE­re penitent, apres sa confession.

FRere, nous auons ouy vostre confessiō, la quelle nous ne doubtons point auoir esté vraye & chrestienne: pour laquelle chose nous nous resiouissons grandement, de­uant Dieu, & son Eglise. Et rendons graces à sa diuine bonté de vostre repentance, en laquelle vous ne vous estes point faict tant grande hon­te, ne à vostre infirmité, comme à Sathan, par la victoire obtenuë de vous par Iesus Christ, à l'en contre de luy, & de peché. Car veritablement nous vaincons Sathan & l'ahontissons auec toute sa tyrannie, ou pour mieux dire IESVS Christ le surmonte en nous: toutesfois & quan­tes que nous accusons noz pechez, & en iceux Sathan qui en est l'Autheur en nous, auec l'in­uocation de la grace diuine. Cognoissez donc, en ceste accusatiō de vostre peché, & de Sathan, [Page] le benefice de nostre Seigneur Iesus CHRIST à l'endroit de vous. Car ce n'est point vous (mon frere) qui auez faict cest oeuure: mais c'est Iesus CHRIST qui l'à faict en vous par son Esprit, à sa gloire, & consolation de tous nous. Cognois­sez (dis-ie) ce benefice de Iesus Christ en vous: & gardez d'en abuser à vostre condemnation, pour vous donner tropt de licence en voz pe­chez. Pensez que Sathan sera faché, de la honte qu'il reçoit en ceste vostre penitence, à cause de­quoy il cherchera tous moyens, pour derechef vous surprendre & enlacer. Gardez vous donc (mon frere) de luy permettre entrée sus vous, de peur que les choses dernieres, ne soyent faictes pires que les premieres. Priez Dieu incessam­ment, qu'il vous gouuerne par son sainct Esprit, & qu'il vous fortifie & munissede ceste armeu­re que sainct Paul escrit, à ce que ne soyez opri­mé par les finesses & assautz de Sathan. Dieu est fidele qui fera cela, si nous l'inuoquōs vrayement & de tout nostre coeur. Donnez vous donc entierement à luy, iettez vostre espe­rance certaine sus luy, recommandez vous à luy de tout vostre coeur. Car par ce moyen il sera faict, qu'ainsi comme Sathan n'a rien en nostre chef Iesus Christ: aussi il ne pourra rien a­uoir en vous, n'y en nous qui sommes ses mem­bres.

Admonition à l'Eglise.

FReres, prenez tous ensemble exēple a ce­stuy nostre frere penitent, à ce que vous vous desplaisies vrayement en voz pechez, que vous vous accusies en iceux, & qu'auec luy vous implories en toute humilité la misericorde diuine. Pardōnez luy toutes les offences qu'il à cōmises enuers vous: cōme vous voulez voz pechez vous estre pardonnez de Dieu. Recognois­sez le pour vostre frere deuant Dieu, & soyez re­conciliez à luy de tout vostre coeur. Et afin que il puisse auoir certaine signification de vostre bon coeur enuers luy: mettons nous tous à ge­noulx, & rendons tous ensemble graces à no­stre Dieu, pour la repentance de nostre frere.

ACTION DE GRACES.

PEre celeste fontaine inepuisable de toute misericorde & cōsolation, nous som­mes indignes d'estre regardez de toy, tant s'en faut que ne soyons dignes d'estre ouys, encore moins d'estre nombrez estre tes enfans, & embrassez de ta faueur paternelle. Mais quād nous regardons ta bonté & misericorde indici­ble enuers nous, en faueur de ton filz IESVS Christ nostre Seigneur, par laquelle tu ne nous permetz point perir, ores qu'ayons merité la mort eternelle, & là meritons tous les iours, auez [Page] ains amiablement nous rappelles à repentance, & nous ayant remis toute la coulpe de noz pe­chez nous, reçois derechef en ta grace vrayemēt paternelle, pour lamour de ton filz IESVS CHRIST, & de son merite. Nous ne pouuons aultrement faire, que louer de tout nostre coeur ceste tienne bonté immense & pour icelle te rendre graces immortelles. Parquoy maintenant pere, tressainct, nous te louons ensemble auec ton filz & le sainct Esprit, nous t'adorons, nous te rendons graces pour ce don de repentance vrayement salutaire, que tu as fait à nostre frere, & humblement prosternez deuant tes piez que tu nous vueilles tousiours faire don en tous noz pechez à ce par nostre accusatiō de nousmesme & nostre honte, ta vertu & gloyre soit esclarcie en nostre infirmité, & que retirez de la puissance des tenebres & transportez au regne de ton filz, nous soyons entez en luy comme bonnes branches, & purgez par ton sainct Esprit, tous les iours nous produisions en luy fruictz plus abondans par ta grace, à la gloire de ton sainct nom & edification de ton Eglise, par iceluy IESVS CHRIST nostre seigneur Amen.

L'action de graces finie, le Ministre demandera au frere penitent, si iouxte la parolle de Dieu, il ne se veut pas bien submetre pour l'ad­uenir à la discipline Ecclesiastique, & apres qu'il aura respondu affirmatiuemēt, ledict Ministre luy annoncera remission de son peché, deuant [Page] Dieu & son Eglise, Cela fait, les Ministres & Anciens baiseront en bon ordre le frere penitent, pour luy donner tesmoignage de leur reconci­liation auec luy, & de celle de toute l'Eglise. A­pres, toute l'Eglise chantera vn Pseaume d'actiō de graces & louange. Puis le Ministre ayant be­neit l'assemblée, la renuoyra en paix.

Il nous à semblé que ceste simple maniere de penitence publique deuant que venir à l'ex­communication est suffisante, à cause qu'elle comprent abondamment la salutaire reconci­liation du frere penitent auec l'Eglise, & qu'elle sert a l'edification d'icelle, & consolation de tout frere delinquent. Lesquelles choses doiuent e­stre principalement considerées en l'usage legi­time de la penitence & discipline ecclesiastique. Autrement ces marques exterieures, qu'on a de coustume de mesler auec la penitence publi­que, ne sont point du tout sans superstition, & deçoyuent bien souuent par leur hypocrisie les iugemens de plusieurs, Dauantage elles ne ser­uent pas beaucoup a edification, ains ap­partiennent plustost au iuge­ment du Magistrat po­litique, qu'à l'obser­uance de la disci­pline ecclesia­stique.

❧ L'ORDRE ET FOR ME Q'VON TIENT POVR CELEBRER LA SAINCTE Cene de nostre Seigneur Iesus Christ.

PRemieremēt le iour solennel, plus prochain de celuy auquel on doit celebrer la Cene, est aduerty le peuple, de se preparer pour le iour ordonné à ladite Cene, & pour aider à ceste preparation, on fait le sermon, d'icelle, ou a tout le moins on en touche quel­que point.

Le iour auquel la Cene se celebre, le peuple estant assemblé, tout, ou en partie, premier que commēcer le sermō on coeuure la table, & pose on dessus le pain en vn grand plat, & sont deux petis platz des deux costez, pour dedans iceux mettre les fragmēs du pain que rompra le Mi­nistre, pour distribuer aux assistans, on met aus­si les vaisseaux de verre sur la table, pour distri­buer le vin.

Apres, le Ministre monte en la chaire, ou ayant fait la confession des pechez, & asseure le peuple que l'absolution, & remission d'iceux est faicte par la misericorde de Dieu, en faueur de Iesus Christ à tous croyantz, il fait chanter vn psalme: puis fait toute la predication du mistere de la Cene & de ses fruictz, laquelle predication [Page] finée il fait les prieres acoustumées, puis fait chāter veni creator, en lāgue vulgaire, ou le symbole des Apostres, ou quelque autre psalme, & en la fin declaire que nul des Ministres, Senieurs, ou Diacres, ne des autres freres, n'est trouué inydoine, ou indigne, qui au Iugement humain, nepuisse cōmuniquer à la saincte Table de Iesus Christ, puis admoneste le peuple, d'aimer, rete­nir, & embrasser, l'usage de la discipline ecclesiastique, foit en admonestant & aduertissant ceux qui pechent, ou receuant en humilité, & propos da'mendemēt, les corrections des autres, leur remonstrant aussi, que s'ilz ont esté parauant negligens, ou contempteurs, de l'une de ces choses, qu'ilz s'en repentent presentement de tout leurs coeurs: & deliberēt se mieulx porter à l'aduenir, attendu que celuy seroit indigne de la table de IESVS CHRIST, qui de fait & de courage mespriseroit, & seroit nonchallāt en telle choses.

Ce fait, le Ministre inuite l'Eglise à prier, & à suiure de leurs coeurs ses parolles, puis dit pour soy, & pour toute l'Eglise: Dieu eternel & tout puissant, qui aduances & illustres continuelle­ment la gloire de ton filz vnicque entre nous, voicy qu'en ensuiuant sa doctrine nous sommes assemblez, afin de celebrer ces benefices les­quelz il nous à acquis par sa mort, à la gloire de son nom & du tien.

Parquoy nous te prions tres humblement, pere tressaint, par iceluy ton filz, que tu vueilles estre [Page] present auec luy, & le saint Esprit, en ceste no­stre action, & faire par ta vertu diuine que nous ia receuz en la societé d'un corps, auec iceluy tō filz, laquelle il nous à donnée par la cōmunion de son corps, & de son sang, nous puissions estre vn auec toy: cōme auec luy, & estre par foy auec l'usage de ceste Cene, tous les iours confirmez de plus en plus en ceste vnion, voire & exprimer & declarer par ceste imitation de tō filz, l'image d'icelle deuant toute l'Eglise, besongnant pour cela en nous ton S. Esprit. Car ainsi tous seront contraintz confesser que nous auons ia com­mencé estre tes enfans, apres nous auoir veuz estre gouuernez & conduictz par ton esprit: & que le sainct nom de ton filz, & le tien, est glo­rifié entre nous. Lequel doit estre loué à tou­sioursmais. Ainsi soit il.

L'oraison finée, le Ministre exhorte le peu­ple, qu'un chascun s'esprouue soymesme, iouxte le dire de sainct Paul en la premiere aux Corintes onziesme Chapitre, & fait ladite exhortatiō selon que le seigneur Dieu luy donne par son esprit, & luy enseigne par sa parolle, ou s'il luy plaist il recite celle qui s'ensuit, & dit.

Mes freres, qu'un chascun s'esprouue & exa­mine sa conscience, pour sauoir s'il sent sa mise­re, & la pesanteur de ses pechez, & s'il en a vraye repentance, desirant de viure d'oresnauant sain­ctement & selon Dieu, sur tout s'il à sa fiance en la misericorde de Dieu, & cerche entierement [Page] son salut en Iesus CHRIST: croyant que le pere luy veut estre propice en faueur de sō filz IESVS, & aussi, si en renonçant à toutes ini­mitiez & rancunes, à bonne intention & cou­rage de viure en concorde & charité fraternelle auec ses prochains.

Si nous auons ce tesmoignage en noz coeurs deuant Dieu, ne doutons nullement qu'il ne nous aduouë pour ses enfans, & que le seigneur IESVS n'adresse sa parolle à nous, pour nous introduire à sa table, & nous presenter ce S. sa­crement, lequel il à cōmuniqué à ses Disciples. Et combien que nous sentions en nous beau­coup de fragilité & misere: comme de n'auoir pas la foy parfaite, mais estre enclins à incredu­lité & defiance, comme de n'estre point entiere­ment si adonnez à seruir à Dieu, & d'un tel zele que nous deurions: mais auoir à batailler iour­nellement contre les concupiscences de nostre chair, neantmoins puis que nostre seigneur nous à fait ceste grace, d'auoir son euangile Imprimée en nostre coeur, pour resister a toute in­credulité: & nous a donné ce desir & affection, de renoncer à noz propres desirs, pour suiure sa Iustice & ses sainctz commandemens, soyons tous certains, que les vices & imperfections qui sont en nous, n'empescheront point qu'il ne nous reçoiue & nous face dignes d'auoir part en ceste table spirituelle. Car nous n'y venons point pour protester que nous soyons parfaitz [Page] ne iustes en nousmesmes: mais au contraire en cerchant nostre vie en IESVS CHRIST, nous confessons que nous sommes en la mort. Entant donc, que ce sacrement est vne medecine pour les paoures malades, & que toute la dignité que nostre seigneur requiert de nous: c'est de nous bien recongnoistre, pour nous desplaire en noz vices, & auoir tout nostre plaisir ioye & conten­tement en luy seul.

Premierement donc, croyons à ces promesses, que IESVS CHRIST qui est la verité in­fallible à prononcé de sa bouche: assauoir qu'il nous veut vraymēt faire participās de son corps & de son sang, à sin que nous le possedions en­tierement, en telle sorte qu'il viue en nous, & nous en luy, & cōbien que nous ne voyons que du pain & du vin, toutesfois que nous ne dou­tions point, qu'il accomplit spirituellement en noz ames, tout ce qu'il nous demonstre exteri­eurement, par ces signes visibles: c'est à dire, que il est le pain celestiel pour no{us} repaistre & nourrir à vie eternelle, ainsy que nous ne soyons point ingratz à la bōté infinie de nostre sauueur lequel desploye toutes ses richesses, & ses biens, en ceste table, pour nous les distibuer. Car en se donnant à nous, il nous rend tesmoignage que tout ce qu'il à est nostre. Pourtant receuons ce sacremēt cōme vn gage, que la vertu de sa mort & passion nous est imputée à Iustice, tout ainsi [Page] que si nous l'auiōs soufferte en noz propres personnes. Que nous ne soyons point donc si per­uers, de nous reculer, ou IESVS CHRIST nous conuie par sa parolle. Mais en reputant la dignité de ce don precieux qu'il nous fait, pre­sentons nous à luy d'un zele ardant, à fin qu'il nous face capables de le receuoir.

Pour ce faire, esleuons noz espritz & noz coeurs en haut, ou est IESVS CHRIST en la gloire de son pere: & dont nous l'attendons en nostre redemption, & ne nous amusons point à ces elemens terriens, & corruptibles, que nous voyons à l'oeil, & touchons à la main, pour le cercher la, cōme s'l estoit enclos au pain ou au vin. Car lors noz ames seront disposées à estre nourries & viuifiées de sa substance, quand elles serōt ainsi esleuées pardessus toutes choses ter­restres, pour atteindre iusques au ciel, & ētrer au Royaume de Dieu ou il habite. Cōtentōs nous doncques, d'auoir le pain & le vin pour signes & tesmoignages certains, spirituellement la verité ou la parolle de Dieu promet que nous la trou­uerons. Cela faict, le Ministre faict la confession de foy, cōme elle est contenue au symbole des Apostres, voire si ledit symbole n'a point esté chāté au parauant, pour testifier au nom de tout le peuple, qu'il veulleut tous viure & mourir en la foy & confession de la doctrine & religion chrestienne.

Puis le Ministre recite l'institutiō de la Cene [Page] escrite en la premiere aux Corinthiens. 11. Chapitre: & dit à haute voix. Escoutons cōme IESVS CHRIST à Institué sa saincte Cene, selon que sainct Paul le recite au Chapitre. 11. de la premiere epistre aux Corinthiens.

I'ay rcceu, dit-il, du seigneur ce que ie vous ay baillé, C'est que le seigneur Iesus, en la nuit qu'il fut liuré, print du pain, & apres auoir Ren­du graces le rompit & dit: Prenez, mangez, cecy est mon corps, qui est Rompu pour vous. Faites cecy en memoire de moy. Semblablement a­pres auoir souppé, print le calice disant: Ce calice est le nouueau Testament en mon sang: faites cecy toutesfois & quantes que vous beu­urez en memoire de moy. C'est que quand vous mangerez de ce pain, & beuurez de ce calice, vous annoncerez la mort du seigneur, Ius­ques a ce qu'il vienne. Pourtant quiconque mangera de ce pain, ou beuura de ce Calice indi­gnement, il sera coulpable du corps & du sang du Seigneur. Mais que l'homme s'esprouue soy mesme & ainsi qu'il māge de ce pain & boyue de ce calice. Car quiconque en mange & boit indignement, il prent sa condānation, ne discernant point le corps du seigneur.

Cela dict, il adiouste ce qui s'ensuit.

Nous auōs ouy mes freres, cōme nostre Sei­gneur fist sa Cene entre ses Disciples: & par cela nous demonstre que les estrangers, & ceulx qui [Page] ne sont pas de la compagnie de ses fideles, n'y doiuent point estre admis. Parquoy suiuant ce­ste reigle, au nom & en l'authorité de nostre seigneur Iesus Christ, I'excommunie tous Idola­tres, blasphemateurs, contempteurs de Dieu, heretiques, & toutes gēs qui font sectes apart: pour rompre l'unité de l'Eglise, tous pariures, tous ceux qui sont rebelles a peres & à meres, & a leurs Superieurs: tous seditieux, mutins, bat­teurs, noiseux, adulteres, paillardz, larrons, rauis­seurs, auaricieux, yurongnes, gourmans, & tous ceux qui meinent vie scandaleuse & dissolue: leur denonçant qu'ilz ayent a s'abstenir de ceste saincte Table, de peur de polluer & contami­ner les viandes sacrées, que nostre Seigneur Ie­sus Christ ne donne sinon à ses domestiques & fideles.

Apres ces choses, le Ministre inuite tout le peuple a venir en bon ordre à la saincte Cene, & leur dict a haute voix.

Nostre pasque, assauoir Christ, a esté sacrifié pour nous: parquoy mangeons en, non point en leuain viel, n'en leuain de mauuaistié & de malice. Mais en pains sans leuain, qui soyent de pureté & de verité. Ainsi soit il.

Cela dict, le Ministre se sied au milieu de la Table, & les aultres Ministres, & Senieurs de l'Eglise, & aussi les Diacres, (si la table les peut tous receuoir). Et lors rompant le pain, & en baillant tant a ceux qui sont proches a ses co­stez, [Page] comme aussi dans les deux petis platz, a tous les autres de la table il dict.

Ayez tous memoire que le corps de nostre seigneur IESVS CHRIST, à este baille à la mort pour nous, en remission de noz pechez. Prenez & māgez, car le pain que nous rompōs, c'est la communion du corps de Christ, en la vie eternelle. Puis quant tous ceulx de la table, ont pris le pain, le Ministe prent les vaisseaulx ou est le vin, & les distribue à ceux qui sont plus proches de luy: afin que tous par ordre pren­nēt le vin, & en baillant lesdictz vaisseaux il dit.

Ayez tous memoire, que le sang tresinno­cent de IESVS CHRIST, à esté repandu pour la remission de noz pechez. Prenez & beuuez, car la couppe de benediction que nous benis­sons, c'est la communion au sang de IESVS CHRIST, en la vie eternelle.

Ainsi ce faict a toutes les assietes nouuelles de peuple, & ce pendant quelque Ministre, ou Se­nieur, lit en la chaire le. 6. Chap. de S. Iean le 9. de la. 1. au Corinth. & quelques autres textes cōuenables a l'action. Puis quand tous ont Cō­munié, le Ministre dit a toute l'Eglise. Croyez tous ensemble par le tesmoignage de ceste Ce­ne, que vous auez certaine & salutaire Cōmu­nion auec Iesus CHRIST: en son corps & en son sang, a la vie eternelle. Adonc il inuite tout le peuple a rendre graces au Seigneur, & suiure de leur cueur ses parolles, & dit.

Dieu tout puissant, & pere misericordieux, nous te rendons graces par IESVS CHRIST ton filz nostre Seigneur, de ce que tu nous as repu [...]ez dignes, de nous refectionner des viandes mi­stiques d'iceluy, pour la confirmation de nostre foy, & ce afin que nous deplorez, esclaues de pe­ché, & de mort, soyons asseurez par la cōmuni­on d'iceluy, ton filz auec nous, & de nous auec luy, en vn mesme corps & sang que nous som­mes tes enfans par adoption, ainsi comme par nature il est ton filz, & dauātage que par ta mi­sericorde indicible tu es nostre pere, ainsi cō­me tu es le sien, supposé que par nostre mespris, & impieté deliberée, nous ne violōs point ceste communion qu'il nous à donnée auec luy. Et pource que retenir en noz espritz, ce tresor ine­stimable de nostre Communion auec ton filz, excede de beaucoup les forces de noz foibles vaisseaux, veu que ordineremēt nous tombons, & sommes enclins a tout genre devices. Nous te prions humblement (pere tres benin) par iceluy ton filz, qu'ainsi cōme par ta bonté im­mense, tu eslis les choses basses & cōtemptibles, afin que par icelles tu mettes en lumiere, & esclarcisses à merueilles ta puissance diuine, tu ne defaille point a nostre infirmité, puis que tō filz la receuë en soy: ains gouuernes & condui­ses noz pensées par ton, esprit, tellement que le monde, & son prince Sathan, sentent que tous­iours tu nous es present en noz tentations & [Page] cheutes, à ce que nous ne succombions aucune­nement, & que nous ne soyons point priuez de la cōmunion de ton filz, que tu nous as donnée. Ceste nostre communion est de ton don (pere tressaint) par lequel tu nous as gratuitement a­doptez tes enfantz. Garde donc, & couronne en nous, iouxte ta bōté & misericorde ce tien don. Il n'y à rien en nous de refuge, de force, ou esperance. A ceste cause, nous t'inuocquons, nous t'appelons, nous nous retirōs vers toy (pere tout puissant) & nous rēdons du tout à ta sauuegar­de, par la confiance du merite de ton filz, & de nostre communion auec luy. Nous implorons ta grace, & nous enclinons entierement dedans le sein de ta misericorde, estans asseurez, que tu ne mespriseras point en nous le sang de tō filz, auec lequel & le saint Esprit tu vis eternelle­ment.

Ainsi soit il.

Icy le Ministre admonneste le peuple, de perseuerer en la grace de Dieu, & monstrer par integrité de vie, qu'il ne mesprise point les benefices de Dieu, a fin que Sathan ne retourne en eux auec sept autres espritz, & que leur fin soit pire en eulx que la passée: puis on chante, nunc dimitis, en langue vulgaire, & en la fin, le Mini­stre donne congé au peuple, disant.

Le Dieu de Paix, vous sanctifie entierement, & voz espritz entiers, & ames & corps soyent conseruez sans reproche, en la venue de nostre Seigneur Iesus Christ, auec lequel nous a esté donnée la Communion de tout son merite, sa iustice, & suffisance. Or celuy qui vous a appel­lez est fidelle, qui aussi le fera, allez en paix, le Seigneur vous preserue de tout mal, & vous conduise en la vie eternelle, Ainsi soit il. 1552

This keyboarded and encoded edition of the work described above is co-owned by the institutions providing financial support to the Early English Books Online Text Creation Partnership. This text is available for reuse, according to the terms of Creative Commons 0 1.0 Universal licence. The text can be copied, modified, distributed and performed, even for commercial purposes, all without asking permission.